Les Forges Catalanes : un patrimoine industriel montagnard
Le terme « forge catalane » désigne à la fois le bâtiment et la technique traditionnelle de transformation du minerai de fer.
Un savoir-faire né dans les Pyrénées
Les premières forges étaient à bras, c’est-à-dire actionnées par la force humaine. Elles étaient installées directement sur les gisements de minerai de fer. Lorsque le filon s’épuisait, les ouvriers démontaient l’installation pour la réimplanter ailleurs, laissant derrière eux creusets et scories.
Par la suite, ces forges ont évolué en moulines à fer, fonctionnant comme des moulins à grains, avant d’adopter la trompe hydraulique — également appelée Trompe des Pyrénées — qui utilisait la force de l’eau pour activer le martinet.
Une organisation rigoureuse et un fer de qualité
Les propriétaires des forges étaient souvent des nobles ou de grands propriétaires forestiers. Certains possédaient plusieurs forges et détenaient également des concessions minières, comme celle de Vic-dessos, qui alimentait de nombreuses installations.
Le fer des Pyrénées était réputé dans toute la France pour sa qualité exceptionnelle. Le Pic du Rancié (1 586 mètres) fut pendant longtemps une véritable richesse minérale, « offrant ses entrailles pour nourrir toute une région».
L’architecture des forges catalanes
D’une superficie moyenne de 200 m², la forge était installée sur un cours d’eau bénéficiant d’une chute de 7 à 10 mètres. L’emplacement devait permettre un accès facile pour le transport du minerai, du charbon et des produits finis.
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Bois de chêne (provenant des environs de Pamiers) pour le bassin,
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Bois de sapin pour le canal,
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Galets de la rivière pour les murs.
Le hêtre était l’arbre le plus utilisé pour la production du charbon de bois.
Des ouvriers au travail exigeant
Les ouvriers, essentiellement issus de la région, travaillaient en deux équipes (jour et nuit), chacune composée de quatre personnes :
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Le Foyer, chef et responsable de la forge,
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Le Maillé ou Marteleur, chargé de battre le fer,
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Deux Escolas, responsables du feu et du vent.
À cela s’ajoutaient :
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Quatre valets pour concasser le minerai,
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Un garde-forge chargé de l’approvisionnement,
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Un commis chargé de la comptabilité et des commandes.
L’apprentissage commençait entre 17 et 18 ans et durait 18 mois à 2 ans, à la charge de l’apprenti lui-même.
Les conditions de travail étaient rudes : chaleur, fumée, poussière, bruit et obscurité rythmaient le quotidien des ouvriers. Autour de la forge, on trouvait souvent une halle à charbon, deux magasins (pour le minerai et le fer), ainsi que le logement et le bureau du commis.
Le déclin des forges catalanes
Avec l’arrivée des hauts-fourneaux au XIXᵉ siècle, plus puissants et plus productifs, les forges catalanes ont peu à peu disparu, emportant avec elles tout un pan du patrimoine industriel et humain des montagnes françaises.
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Fabienne Séguier