mardi 29 avril 2025

quand il fallait un passeport à l'intérieur du pays


VOYAGE… VOYAGE…à travers les cantons !



1790 : création des départements (décret du 22 décembre 1789) et des cantons

Le département du Tarn comptait au départ 51 cantons, suite au découpage de 2014 on en compte désormais 23.

Imaginez que pour chaque canton traversé à cette époque il fallait présenter :


LE PASSEPORT « A L’INTERIEUR »

Le passeport intérieur est rendu obligatoire par décret du 10 vendémiaire an IV (2 octobre 1795) qui précise que "nul ne peut quitter le territoire de son canton ni voyager sans être porteur d'un passeport". Cette législation restera en vigueur jusqu'aux alentours de 1860.
Ce document délivré par le préfet pour les chefs-lieux de plus de 40 000 habitants et par le maire pour les autres communes comprend de nombreuses informations utiles aux recherches historiques et généalogiques : nom, prénoms, âge, profession, pays de naissance, domicile, signalement du demandeur et indication de sa destination. (France Archives)
Auparavant sous l'Ancien Régime tout voyage nécessitait un "laissez-passer", un "passe-port" ou "sauf-conduit) sans lequel la maréchaussée pouvait considérer le voyageur comme un vagabond ou un mendiant.
Le voyageur pouvait obtenir ce document auprès de diverses autorités : curé, juge local, autorité municipale, évêque, parlement, secrétariat des affaires étrangères, etc....
La Révolution dans un premier temps, abolit l'usage des passeports, jugés contraires au principe de liberté du citoyen mais rapidement l'obligation du passeport est rétablie. 
C'est ainsi que pour obtenir le précieux sésame, le négociant, le colporteur, le travailleur saisonnier, le père de famille, devait se présenter aux autorités compétentes, accompagné de deux témoins qui attestaient de son identité puis décliner la raison de son voyage et préciser sa destination finale.

Pour une famille un seul passeport était délivré enregistrant aussi l'épouse et les enfants mais ces derniers bien que comptabilisés n'étaient généralement pas nommés.

Les passeports de femmes sont relativement rares dans les archives, ils ne concernent que les femmes voyageant seules (ouvrières non mariées, actrices de spectacles, filles publiques, rentières rejoignant un parent....)
L'objectif de ce dispositif était de contrôler la circulation des individus et des étrangers (entendre ici personnes extérieures à la ville ou au département).
Dans les premières années de l'Empire et afin de rendre le passeport infalsifiable et plus contrôlable (on craint en effet la fuite des nobles et du clergé tout autant que l'infiltration d'étrangers), un modèle unique est mis en place.
Le passeport "à l'intérieur", payant, devient obligatoire pour tout individu de plus de 15 ans souhaitant voyager en France, pour tout étranger au pays pour les besoins de ses déplacements internes n'est valable que pour une durée d'un an et doit être visé à chaque étape du déplacement. 
Au milieu du XIXème siècle, il tombe progressivement en désuétude. Il s'avère de plus en plus inadapté à la société, l'arrivée du chemin de fer facilitant les déplacements.
L'Administration est débordée par la masse des demandes et les voyageurs sont ralentis par la lenteur des formalités, générant de fait un préjudice à l'économie et au commerce.
Le passeport "à l'intérieur" est finalement abandonné au cours de la décennie 1860.
(Sources : Johanna Daniel (4 novembre 2020). Les "passeports à l'intérieur" : quand il fallait un passeport pour voyager à travers son propre pays. Isidore & Ganesh)


Anne COUSINIÉ


2 commentaires:

  1. Encore un article qui sort de l'ombre les us de nos ancêtresmais qui de fait rend incroyable les décès de personnes inconnues que l'ont trouve dans les registres de décès ici ou là.

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